Le Pays Basque est vivant grâce à ses paysans

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Les gens viennent ici pour le Pays Basque mais à ce rythme, il n’y aura bientôt plus de pays. Car le pays est vivant grâce à ses paysans. Pour combien de temps encore ? Déjà, ses habitants ne parviennent plus à s’y loger. Chasser les paysans ne ferait que chasser la vie du pays. Privés de leurs paysages et de ce pays riche où il faisait bon vivre, les touristes s’enfuiraient effarés lorsque le béton, le macadam et les embouteillages auront terminé de remplacer vergers, brebis et maraichers. Le pays basque n’aurait plus d’attrayant que son nom. Pas de paysans, pas de paysages, pas de pays. Pas de paysans, pas d’avenir.

 

Quels paysages pour demain ici au Pays Basque ? Je rêve de paysages vivants, où l’humain, le végétal et l’animal ensemble trouveraient leur place, où les paysans seraient encore présents, garants du lieu. Un lieu habité. Des paysans protecteurs de la biodiversité, et grâce à qui les villages resteraient aussi vivants et qui nous aideraient à nous réconcilier avec la terre. Je fais bien référence ici au modèle d’agriculture paysanne et pas celui de l’agriculture intensive, destructrice de vie.

 

Il est temps au Pays Basque, comme ailleurs, de passer à l’action, d’agir dans le sens de la vie, pour le maintien de la vie, de prendre soin de ces paysans, et reconnaître leur rôle essentiel, vital pour l’équilibre de notre société et pour répondre à la crise du vivant. Le paysan en agriculture paysanne est la clef d’un territoire vivant, par sa relation qu’il entretient avec la terre, avec son environnement, avec les autres et par les liens qu’il tisse avec sa communauté.

 

Pourquoi pas aussi permettre à davantage de personne de devenir paysan, d’avoir accès à la terre, quelle que soit la superficie de la parcelle ?

 

Qu’on le veuille ou non, on est tous paysans de près ou de loin, c’est un fait. Notre sol c’est nos racines. Nous sommes tous issus de la terre. Une terre vivante. C’est notre terre mère : lurrama. Celui qui nie ses racines se meurt lui-même. Nous devons agir en tant que paysans pour prendre soin de nous et par extension de notre terre. Agir en tant que paysan, c’est-à-dire en tant qu’humain relié à la terre. Cela nous concerne tous. Aujourd’hui, c’est une réalité, nous ne pouvons plus fonctionner hors sol sous peine de tomber dans un monde privé de sens.

 

Monsanto Bayer pour palier au déclin des abeilles biologiques développe déjà un projet bionique à partir de la biologie des insectes : l’abeille électronique micro-robotique, drône volant d’environ 100 grammes (proche du poids de celui de l’abeille) affublé d’un tube pollinique. Ils assurent agir au service du vivant, en attendant de résoudre la question du déclin des pollinisateurs.

 

Pour l’instant, à Arbonne et ailleurs, la terre agricole est vendue à des prix exorbitants, pour de l’agrément. Certains ne veulent pas de paysans sur leur commune. Cela ne leur semble plus convenable. Pourtant, à Arbonne, et ailleurs, la vente d’une propriété a fait l’objet d’une préemption pour éviter l’accaparement de la terre des non-paysans et sauvegarder sa vocation nourricière.

 

En effet, plus il y aura de paysans, plus le pays et par conséquent ses habitants seront résilients. Les paysans représenteraient-ils une réponse à la crise ? Cela se pourrait car la question du paysage est interdépendante de la question du paysan, celui qui fait le pays et avec lui le paysage.

 

Qui aujourd’hui peut résoudre la question du foncier, la question du transport, la question de l’habitat, la question alimentaire et son corollaire, celui de la santé et de l’économie, la question de l’écologie et du climat, la question du social, de l’humain, de la vie ? La paysanne. Le paysan.

 

Pour cette nouvelle année, ouvrons-nous à la vie, engageons-nous, osons, faisons preuve d’empathie. Chérissons notre pays comme beaucoup chérissent leur voiture et tout ira bien, parole de paysagiste.

 

Au nom de l’Inter-AMAP Pays Basque, je vous souhaite à tous, lecteurs, de changer ce qui est encore possible.